L’une des missions principales de la SAFER consiste à préserver les terres agricoles. Dans cette optique, elle privilégie l’installation de primo-agriculteurs. A Pierrerue (04), elle a accompagné Léa Arancio, une jeune agricultrice dynamique, dans le lancement de son activité de maraîchage et d’arboriculture. 

Elle a le regard franc et la poignée de main chaleureuse de ceux qui savent se battre pour concrétiser leurs rêves. Léa Arancio semble n’avoir peur de rien. Et c’est tant mieux ! Car du courage, il en faut pour prendre seule, à même pas trente ans, la tête d’une exploitation agricole de sept hectares. A quatre ans, l’âge où beaucoup d’enfants se rêvent instituteur, vétérinaire ou pompier, Léa a déjà une conviction : un jour, elle aura sa ferme. Pourtant, la petite fille n’est pas tombée dans la marmite de l’agriculture à sa naissance : personne dans sa famille n’exerce une profession en lien avec la terre.

«J’ai construit mon parcours, seule. Je n’aimais pas l’école, qui ne correspondait pas à ma personnalité. A 14 ans, j’ai passé un Brevet professionnel entraînement chevaux de compétition que j’ai complété dix ans plus tard par un second BPRREA au lycée agricole de Carmejane. J’ai alors effectué un stage à Oraison chez Guy Girauyd, l’oncle de mon mari qui m’a fait partager sa passion. Mon vœu, c’était toujours de posséder mes propres terres mais trouver une belle surface cultivable sur le territoire est une gageure. »

 

Privilégier l’installation de primo-agriculteurs

Heureusement, fin 2013, Léa Arancio a l’idée de contacter la SAFER.

« J’avais fait savoir autour de moi que je recherchais du terrain mais je me heurtais à un silence poli sur le sujet. Grâce à la SAFER, ma situation s’est débloquée ! »

« Léa Arancio a eu de la chance » confie Laurent Vinciguerra, le directeur de la SAFER des Alpes-de-Haute-Provence. « Nous venions de conclure avec un exploitant agricole une promesse de vente sur un terrain de sept hectares irrigables et labourables en un seul tenant. Un tel bien est très convoité ! La SAFER a pour mission essentielle de réguler le marché foncier afin de préserver au maximum les zones agricoles. Dans ce dossier, nous souhaitions privilégier l’installation d’un primo-agriculteur plutôt que d’agrandir une exploitation déjà existante. La SAFER joue ainsi son rôle d’aménageur de l’espace, en mettant en œuvre des politiques publiques réfléchies, visant à valoriser au mieux le territoire. De son côté, en laissant la SAFER sélectionner le projet, le vendeur n’est pas contraint de faire un choix entre plusieurs propositions, qui émanent souvent de ses voisins et favorise ainsi une prise de décision objective ».

 

Un projet agricole confronté aux réalités

Dans le cadre de cette vente, plusieurs postulants à l’achat ont déposé un dossier. Toutes les candidatures ont fait l’objet d’une étude rigoureuse par la commission d’attribution de la SAFER.

« Nous avons été séduits par le dynamisme de Léa Arancio mais surtout par la solidité de son projet. Elle avait étudié toutes les productions qu’elle pouvait développer ainsi que les canaux de vente. »

Six mois plus tard, le 24 juillet 2014, Léa acquiert la parcelle pour près de 68 000 euros.

« J’ai dû me battre auprès des banques pour obtenir un financement. Plusieurs ont refusé mon dossier et la banque qui m’a suivie ne m’a pas accordé de crédits suffisants pour que je m’équipe. J’ai commencé avec mes deux bras et ma volonté, je n’avais même pas une échelle, j’ai acheté un camion en panne et un tracteur pourri. Il faut être tenace ! »

Heureusement, de la ténacité, Léa en a à revendre. Quatre ans plus tard, la situation financière de la nouvelle exploitation est toujours tendue mais elle a bon espoir que la situation s’améliore. « J’ai planté tout ce qui peut l’être, y compris des légumes et fruits rares comme les tomates noires, les jujubes, les kakis, les physalis, des prunes du monde entier », s’enthousiasme la jeune femme.

« Rencontrer Léa Arancio plusieurs années après son installation s’avère très instructif » souligne Laurent Vinciguerra. « Je suis impressionné de constater à quel point elle a su faire évoluer son projet de départ pour se conforter aux réalités du marché et au potentiel de la propriété achetée. »

« Nous devons nous adapter en permanence », confirme Léa Arancio. « Je privilégie les plantations qui séduisent mes clients, même si ce ne sont pas mes préférées. Autre exemple, j’espérais écouler ma production au niveau local mais, pour le moment, mon mari, qui a rejoint mon exploitation effectue deux fois par semaine des marchés de producteurs à Marseille. Le carburant et les péages autoroutiers engendrent des dépenses importantes. Cela fait quatre ans que nous ne nous versons pas de salaire mais nous sommes persuadés qu’au final, nous allons y arriver. Le seul secret pour tenir, c’est d’y croire, d’aimer son travail, de vivre pour lui, d’être passionné. Et c’est tout à fait nous ! Nous sommes conscients que, sans la SAFER, nous ne serions jamais parvenus à concrétiser notre projet. Nous avons aussi eu la chance de bénéficier de l’appui des exploitants locaux et des syndicats. Ce n’est qu’ensemble que nous pouvons avancer. Aujourd’hui, nous sommes fatigués mais heureux !»

 

Les conseils en + de Léa :

  • N’hésitez pas à contacter la SAFER pour présenter votre projet. Vous pourriez vous ouvrir des opportunités auxquelles vous n’aviez même pas songé.
  • Lorsque vous vous installez sur une exploitation, c’est pour durer. Soignez les relations avec vos voisins, elles sont primordiales.
  • Ne soyez pas intégriste mais demeurez intègres au quotidien.