SAFER Var
Illustration des enjeux au cœur de la lutte contre les friches en zone périurbaine et de l’installation de jeunes agriculteurs pour lesquels œuvre la SAFER au quotidien en lien avec les collectivités locales.  Rencontre avec Johanna Sena, jeune maraichère à la Garde dans le Var et Julien Kieffer Conseiller Foncier SAFER pour un entretien à deux voix.

 

Le foncier agricole periurbain, rare et convoité

Johanna Sena est aujourd’hui une jeune femme heureuse ! Installée à son compte en maraichage depuis mars 2018, il lui aura fallu faire preuve de pugnacité pour trouver un terrain à exploiter.

Johanna Sena « Je voulais m’installer dans la zone de La Garde pour mes clients et mon organisation familiale car j’ai deux jeunes enfants scolarisés. »

L’agriculture lui est venue sur le tard, il y a une dizaine d’années, depuis, elle en fait sa profession et l’exerce avec enthousiasme. « Après des études d’esthéticienne qui ne m’ont pas convenues, je cherchais de quoi gagner ma vie. J’ai eu beaucoup de chance en rencontrant Michel Durbano, maraicher à La Garde, qui m’a embauchée comme ouvrière agricole. Pendant 7 ans, il m’a tout appris et donné le goût du travail de la terre. Il m’a ensuite loué une partie de ses terres pour que je puisse me lancer à mon compte », nous explique Johanna. En 2017, alors qu’elle commence à fidéliser une clientèle, il est temps pour elle de trouver un terrain pour s’installer.

Rapidement, elle se rend compte que la partie ne sera pas aisée. Aucun terrain à priori disponible dans le secteur ! Sur les conseils avisés de son mentor, elle prend alors contact avec la SAFER.

« La SAFER m’a vraiment aidé. Elle m’a permis de trouver un terrain car c’est très compliqué dans ces territoires proches des villes et du littoral varois », indique Johanna.

 

 

Lutter contre l’attentisme pour préserver la dynamique agricole

Le Var comme beaucoup d’autres départements du littoral Sud-Est connait un paradoxe : d’un côté les agriculteurs ont des difficultés à accéder aux terres agricoles en zones périurbaines et de l’autre des friches se développent dans ces mêmes zones. « L’attentisme spéculatif des propriétaires en vue d’un passage des terres agricoles à terrains constructibles et les occupations de ces terrains pour des activités de loisirs en sont les deux causes majeures », nous explique Julien Kieffer, conseiller SAFER.

Julien Kieffer, conseiller foncier SAFER dans le Var

« Nous avions repéré ce terrain en friche, inutilisé par son propriétaire, lui-même agriculteur, car de petite taille et trop éloigné de son exploitation principale.

Nous lui avons exposé l’intérêt de vendre cette parcelle pour qu’un primo exploitant s’y installe et le remette en valeur. Cela l’a convaincu.  Face à son bagage professionnel et au dynamisme dont elle a toujours fait preuve, le dossier de Johanna a été validé unanimement lors du Comité Technique. Après les formalités administratives, l’achat du terrain a été concrétisé le 13 mars 2018 », s’enthousiasme Julien.

Nous sommes là au cœur d’une des missions de la SAFER : lutter contre les fiches et préserver les vocations agricoles de terrains pour faciliter l’installation des primo-agriculteurs ou encore consolider les exploitations. Bien entendu, elle s’agrège pour cela le partenariat de collectivités locales.

 

 

Des dispositifs de protection de plus en plus nombreux

Le terrain aujourd’hui exploité par Johanna était en friche, il y a encore moins de 2 ans

Dans le Var, depuis plusieurs années, des actions concertées sont menées entre la Métropole Toulon Provence Méditerranée, certaines communes du département, la Chambre d’agriculture du Var et la SAFER dans le cadre d’une Convention d’Aménagement Rural (CAR) signée en 2013. « Elle permet de faire un repérage et un diagnostic des terrains en friche. Puis de définir les parcelles prioritaires selon certains critères comme la surface, l’accès à l’eau, l’accessibilité aux véhicules. Il faut ensuite identifier les propriétaires et rentrer en contact avec eux pour voir s’ils sont disposés à les louer ou à les vendre pour les remettre en culture. Lors de ces rencontres, les conseillers SAFER leur expliquent les enjeux, leur parlent des porteurs de projet et des réalisations concrètes. La CAR permet de faire de l’animation foncière auprès des propriétaires et de libérer des terrains pour l’agriculture. » explique Julien.

Par ailleurs, la commune de la Garde qui est particulièrement investie sur le sujet de la préservation du foncier agricole, est allée au-delà en créant une Zone Agricole Protégée avec la participation de la Chambre d’Agriculture du Var, validée par arrêté préfectoral le 18 avril 2018. Il s’agit de la première ZAP en zone périurbaine du département. Le principe nous est expliqué dans les grandes lignes par Julien « Une fois la ZAP définie, toute volonté de déclassement des terres agricoles est soumise à un accord du Préfet. Il devient donc très difficile pour les communes d’effectuer des changements de destination sur la zone. L’attentisme spéculatif n’a plus lieu d’être, ce qui facilite les transactions sur les terrains agricoles. C’est une prise de décision politique forte qui vient protéger le foncier agricole sur le long terme, et qui pour être efficace doit s’accompagner d’un projet de redynamisation du territoire concerné. »

 

Serre en location au Pradet où Johanna produit du basilic

Grâce à ces volontés communes, le développement de l’exploitation de Johanna continue.

« Aujourd’hui je vis déjà de mon activité. Je suis propriétaire de ces 2 hectares et j’ai en location un hectare de terre à Carqueiranne et 5 000 m2 de serre au Pradet. Mon mari m’a rejoint sur l’exploitation en tant que conjoint collaborateur et nous avons des projets de développement. Toujours avec la SAFER bien sûr ! » conclut Johanna.